Saint-Édouard-de-Lotbinière a été érigée en municipalité le 1er janvier 1863, à la suite de la division de la paroisse de Saint-Louis-de-Lotbinière en trois parties, donnant ainsi naissance à deux nouvelles paroisses séparées : Sainte-Emmélie et Saint-Édouard. L’érection canonique avait eu lieu auparavant, le 24 septembre 1862. Dès 1857, des premières démarches avaient été entreprises pour la formation d’une nouvelle paroisse. Les gens du rang Rivière Bois-Clair surtout, qui devaient se rendre à l’église de Lotbinière pour les offices religieux, devaient souvent faire la distance à pied, faute de chemins carrossables. On comprend les difficultés considérables que l’éloignement de Lotbinière causait à nos gens.
La nouvelle paroisse, située sur le territoire de la seigneurie de Lotbinière, devait son nom à Saint-Édouard le Confesseur, roi d’Angleterre de 1042 à 1066, connu pour sa piété et sa grande charité envers les pauvres et les malheureux. Ce nom honorait aussi celui de l’abbé Édouard Faucher, curé de Lotbinière de 1831 à 1865 et prêtre fondateur de Saint-Édouard. La municipalité conserva le même nom que la paroisse religieuse.
Les premiers colons à venir s’installer sur le territoire de Saint-Édouard, le firent à compter de 1795 dans le rang Saint-Charles. Assez curieusement, plusieurs de ces premiers habitants provenaient de paroisses éloignées comme Saint-Roch-des-Aulnaies, Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Pierre de la Rivière-du-Sud, Berthier-en-Bas et l’Islet. Encore aujourd’hui on ignore ce qui avait motivé ces gens à délaisser parents et amis pour venir s’établir dans les terres en bois debout de Lotbinière. La petite histoire veut que les premiers colons à venir s’établir dans le rang Saint-Charles aient été trois membres de la famille Blanchet(te).
Au moment de sa formation en 1863, notre municipalité comptait quatre rangs, arpentés en 1795: les deux rangs Saint-Charles, Nord et Sud, le rang de la Rivière Bois-Clair et le rang Saint-Joseph (appelé Saint-José, de nos jours). En 1866, le rang Juliaville fut concédé et rattaché à Saint-Édouard. Dans les années 1880, ce sera au tour du rang Lucieville de subir le même sort.
Le recensement religieux de 1864 indique une population de 994 habitants catholiques dans la paroisse. À ce nombre, il faut ajouter les membres de deux familles protestantes, les Rae (Écossais de religion presbytérienne) et les Ruthven (Écossais de religion anglicane) soit, au total, un peu plus de 1 000 habitants.
À compter de 1863, notre municipalité continua là où Saint-Louis-de-Lotbinière avait laissé. Une nouvelle commission scolaire fut créée, reprenant à son compte les écoles établies avant 1863. On procéda également à des élections municipales aux termes desquelles Onésime Ouellet fut élu premier maire de Saint-Édouard. Le premier secrétaire-trésorier municipal sera Alphée Lemay.
Saint-Édouard était à cette époque une municipalité essentiellement agricole. La terre y est fertile et « rend bien ». Il suffit de jeter un coup d’œil sur le recensement canadien de 1871 pour s’en convaincre. La grande majorité des habitants de la municipalité sont cultivateurs mais on y retrouve des journaliers, des domestiques, des artisans : forgeron, menuisier, cordonnier, boulanger, etc. Il y a même deux marchands généraux, deux moulins à scie et un moulin à farine.
Lors de ce recensement, les cultivateurs ayant le plus grand nombre de vaches laitières sont Ignace Lord et Ambroise Lemay, avec dix chacun! Pour traiter le lait produit dans les fermes, on établira trois beurreries, une dans Saint-Charles fondée dès 1863, une dans le rang de la Rivière Bois-Clair et, plus tard, une dans Juliaville. Il y aura aussi des fromageries de fondées dont le succès et la durée varieront avec la demande de fromage.
À la fin du XIXe siècle, notre municipalité est prospère et sa population se chiffre à environ 1 350 habitants. En 1901, une nouvelle église est construite, véritable cathédrale de bois, par Joseph St-Hilaire suivant les plans et devis de David Ouellet. Elle remplace l’église de pierre datant de 1862, trop exigüe, construite par les maçons de Cap-Santé, Moïse Marcotte et Albert Richard.
Le XXe siècle apportera des changements sociaux et économiques importants à Saint-Édouard : l’ère moderne commence à faire son apparition. Les poteaux de téléphone apparaissent vers 1900 : une ligne téléphonique vient d’être établie entre Deschaillons et Québec en passant par Saint-Édouard mais il faudra attendre 1919 pour que le service soit fonctionnel pour l’ensemble de la municipalité. L’électrification suivra en 1924 au village.
Le premier réseau d’aqueduc installé à Saint-Édouard, le fut vers 1910. Il fonctionnera tant bien que mal pendant de nombreuses années jusqu’à la réfection des années 1980, avant d’être remplacé pour de bon par un service d’aqueduc et d’égout moderne en 2008 et 2009.
Au début du XXe siècle, l’agriculture est toujours l’activité dominante à Saint-Édouard mais de petits commerces commencent à apparaître, diversifiant l’économie et témoignant de la débrouillardise de nos gens. Vers 1910, on retrouvait une manufacture de tuyaux de ciment, une nouveauté à l’époque. Il y avait la tannerie de la famille Beaudet fondée en 1846 et qui devait subsister jusqu’en 1947.
Sur le plan scolaire, la construction du Couvent des Sœurs de la Charité en 1913 allait permettre un enseignement de qualité à des générations d’élèves jusqu’en 1988. Annexé au couvent, se trouvait l’Hospice qui pouvait recevoir 25 personnes âgées ou handicapées. La bénédiction de cet édifice par Mgr L.-N. Bégin, archevêque de Québec, avait attiré pas moins de 3 000 visiteurs de l’extérieur. L’événement correspondait au 50e anniversaire de la fondation de Saint-Édouard.
Vers les années 1940, l’automobile remplace progressivement les chevaux et permet une plus grande autonomie des déplacements. À partir des années 1950, les chemins sont ouverts l’hiver à la circulation automobile. Les tracteurs détrônent les chevaux sur la ferme et augmentent la production, en même temps que l’emploi des engrais chimiques et des techniques modernes de drainage des sols.
La Caisse populaire fondée en 1938 ainsi que l’établissement d’agences des banques Provinciale et Canadienne Nationale favorisent l’épargne et les prêts : il devient plus facile de financer un projet prometteur, d’acheter une maison ou une ferme. Sur le plan social on s’organise. Différents mouvements sociaux verront le jour à compter des années 1940 : Fermières, Chevaliers de Colomb, Cercle Lacordaire, etc.
Sur le plan économique, l’après-guerre de 1939-45 voit l’apparition de petits commerces dont plusieurs scieries, alimentées par le bois des fermes environnantes ou provenant de la seigneurie de Lotbinière. On profite aussi de toutes les opportunités pour se faire un revenu comme en témoigne l’élevage des renards, très populaire dans les années 1940.
En 1961, Saint-Édouard atteint le maximum de sa population, 1 891 habitants. Dix ans plus tard, notre municipalité en a perdu près de 400. Comme dans beaucoup d’autres municipalités de Lotbinière et d’ailleurs, le déclin rural se fait sentir ici mais nos gens savent se prendre en main et se regrouper. Ils remonteront progressivement la pente.
La création en 1975 du Mouvement Information et Développement (MID) qui allait donner naissance au Bavard s’inscrit dans ce mouvement de prise en main. La venue, peu après, de la compagnie Les Bois de Plancher P.G. Inc. allait relancer l’économie à Saint-Édouard. La manufacture de couture de jeans ouverte en 1979 avec l’appui de la population, allait aussi favoriser l’emploi chez les femmes de la municipalité. La création du club Optimiste en 1981, très actif chez nous, sera un apport bienvenu pour la jeunesse.
L’ouverture du restaurant et dépanneur le Bois-Clair en 2006 aussi grâce à la générosité de nos gens sous forme de coopérative, témoigne de l’esprit d’entraide qui règne dans notre municipalité. Plus récemment, le développement domiciliaire et la création de nouvelles rues à l’initiative de la municipalité, furent un grand succès en facilitant l’accès à la propriété à de jeunes familles qui représentent l’avenir de Saint-Édouard.
Notre municipalité est fière de son passé agricole et des belles fermes modernes, laitières ou porcines, qui se sont développées au fil du temps, souvent transmises de générations en générations. Elle est tout aussi fière de ses artisans, travailleurs autonomes, entreprises manufacturières, d’ingénierie, de services, de ses commerces qui procurent des emplois à de nombreux travailleurs de Saint-Édouard et de l’extérieur. Ici, le chômage n’existe pas, témoignage du dynamisme de notre population et de sa foi en l’avenir.
Un grand merci à Monsieur Gaëtan Soucy pour ce bref historique.
Pour toute information supplémentaire, vous pouvez contacter « Patrimoine Et Histoire St-Édouard » par courriel à l’adresse [email protected] ou par téléphone au numéro 418 796.2908